Assiste-t-on au dernier Tour de France à la voile au départ de Dunkerque ? Seulement neuf bateaux engagés, une formule qui sera probablement revue en 2015 par les organisateurs, une agglomération qui se pose la question du soutien du bateau dunkerquois, etc. Les doutes planent alors que la 37e édition donne rendez-vous au public dès ce vendredi, pour trois jours de fête à quai.
Si les quais seront particulièrement animés, la course, elle, ne met en compétition que neuf bateaux, un chiffre historiquement bas.
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C’est un peu le verre (d’eau salée) à moitié vide ou à moitié plein. Avec neuf bateaux engagés cette année au départ de la course, on peut se dire que le plateau du Tour de France à la voile (TFV) version 2014 est bien maigre, malgré sa qualité, si on le compare aux années précédentes, où Dunkerque a accueilli jusqu’à quarante équipages dans ses bassins.
Pour ASO – Amaury Sport Organisation, qui a racheté le Tour de France à la voile il y a deux ans –, cette formule resserrée en sera d’autant plus « i ntense ». Question de point de vue…
Mais Jean-Baptiste Durier, directeur du TFV, ne se voile pas la face. Il concède, dans la presse spécialisée, que ce faible nombre de concurrents est « un problème à résoudre, malgré la présence des meilleurs Français de chaque spécialité ». En cause ? Le choix du bateau pour l’épreuve, le monotype M34, validé par les organisateurs précédents. Selon Jean-Baptiste Durier, il aurait du mal à fédérer, ce que confirme sans détour Guillaume Florent, adjoint aux Sports à Dunkerque et médaillé olympique en voile : « Il présente de gros défauts. Il faudrait étudier, et c’est ce que fait ASO, d’autres supports, avec des tirants d’eau plus faibles. » La crise des sponsors vient aussi assombrir le ciel au-dessus de la course, dont le premier départ avait été donné à Dunkerque en 1978.
Alors quel avenir ? La ville, qui a accueilli vingt-huit fois le départ du Tour, doit-elle continuer à le faire et surtout à financer un événement (350 000 € de budget global) qui n’est plus aussi rentable que par le passé ? La CUD doit-elle garder le bateau Courrier Dunkerque 3, qui a coûté 250 000 € et qui ne compte à son bord aucun Dunkerquois ? Des réponses sont attendues.
Des élus qui s’interrogent
Du côté des collectivités locales, qui financent l’événement, on admet que 2014 est une année de transition. Paul Christophe, maire de Zuydcoote et président du Syndicat intercommunal des Dunes de Flandre (SIDF), l’un des partenaires, passe le message à ASO : « Notre unique doléance est de pouvoir continuer à assurer de la compétition mais aussi du spectacle pour le grand public. » Car si les retombées en terme d’image pour la ville sont une évidence, reste la question des retombées économiques. Patrice Vergriete, qui a rencontré les responsables d’ASO, évoquait récemment ses doutes : « Je n’ai jamais dit que j’étais contre le Tour de France à la voile à Dunkerque, mais le bateau, Courrier Dunkerque, n’a quasiment aucune retombée pour le territoire. Je m’interroge sur son financement. »
«Il a perdu de sa superbe»
Guillaume Florent, adjoint au Sports à Dunkerque et médaillé de bronze en voile aux JO de Pékin en 2008, ne cache pas ses craintes quant à l’avenir de l’épreuve : « Le Tour de France à la voile est en crise, le constat est évident. On conjugue un bateau très cher, sans circuit annexe, et des sponsors qui se raréfient en période de crise. Le TFV a perdu de sa superbe. Il y a quand même un rayon de soleil à l’horizon, car ASO est très pro (Tour de France cycliste, Paris-Dakar) et ils ont pris la mesure de la situation, c’est pour nous une garantie (…) Aujourd’hui, la décision de poursuivre ou pas l’événement à Dunkerque n’est encore prise. Mais on devra se positionner rapidement pour 2015. »
Daniel Souben, le challenger nº1
La 37e édition du Tour de France à la voile ne va voir s’affronter que neuf équipages, mais quels équipages ! Courrier Dunkerque 3, skippé par Daniel Souben, est au départ, fort de sa victoire récente au Spi Ouest-France Intermarché, la première course de la saison, et de ses deux victoires au Tour de France à la voile (2008 et 2009). Il demeure le challenger numéro 1 de Groupama 34, vainqueur de l’édition 2013. Skippé par Franck Cammas (mais uniquement sur les étapes méditerranéennes du tour), le bateau vert fait office de favori pour cette édition.
Sur Bretagne Crédit Mutuel Élite, Nicolas Troussel, double vainqueur de la Solitaire du Figaro, sera aussi un dangereux concurrent, de même que Sidney Gavignet, sur Oman Sail. Au palmarès de ce dernier, on compte la victoire en 2006 de la Volvo Ocean Race.
Sur chaque étape du Tour, trois skippers répondront aux questions du speaker avant de se prêter au jeu des dédicaces. Avis aux amateurs !